les creutes sont ces galeries où des hommes trouvèrent refuge en temps de guerre: on y découvre les vestiges de leur vie quotidienne dans ces "trous à rats" mais aussi, gravés dans la roche, les témoignages poignants de leur histoire personnelle et peut-être de ce qui en dernier recours les rattachait encore à l'humain dans cet enfer dont beaucoup savaient qu'ils ne réchapperaient pas...
«Plus tard, dans plusieurs siècles, quand quelque mouvement de terrain aura enseveli la carrière et ses ornements sculpturaux, j’imagine que l’archéologue qui les découvrira enverra à l’Académie des Inscriptions quelque volumineux mémoire où il démontrera que ce sont là des œuvres manifestes de l’âge des cavernes, de l’âge où l’humanité n’était pas encore civilisée et croupissait dans la plus stupide barbarie. Ce ne seront, au vrai, que des souvenirs de l’âge des casernes, mais, pour le second point, notre archéologue n’aura pas tout à fait tort. »Charles Nordmann du 5e régiment d’artillerie , 1917.
Quelques liens vers des sites très documentés en photos et textes:
-kata addict : creutes de la première guerre mondiale
-Souterrains et vestiges: la guerre souterraine
- carrières et première guerre mondiale
J'adresse mes remerciements à J.R de m'avoir permis de découvrir les traces de "ces histoires" humaines où l'expression artistique dans toute sa simplicité se présente comme la planche de salut provisoire ou le dernier refuge de ceux qui n'ont plus guère d'espoir...un thème qui m'est très cher .
La Relève
Louis Marq, Poèmes de guerre, Haute Avesnes (Pas de Calais), 20 juillet 1915
Le village est un tas de pierre et la rue
Est une sape étroite où l'on est enterré:
L'obus, dans la ruine, est comme une charrue
Que l'on repasserait dans un champ labouré.
Les arbres, en été, sont plus nus qu'à l'automne,
Et ceux qu'au bord des trous la mitraille a laissés,
Vers le ciel où, lugubre, un sifflement résonne,
Tordent leurs bras meurtris comme de grands blessés.
Mes poilus, dans l'eau sale où la lune se joue,
Arrachent pas à pas leurs souliers de la boue,
Riant d'un rire lourd dont l'accent sonne faux,
Cependant qu'on entend la mort, dans la tranchée,
Parmi tous ces enfants, dont l'échine est penchée,
Passer brutalement les grands coups de sa faux.